Le corps encaisse avant l’esprit. La douleur, le sang parfois, l’adrénaline qui gicle dans les veines. Mais c’est après que le vrai poison coule : la peur qui s’incruste. La honte aussi, parce que les victimes, elles se demandent toujours si elles auraient pu l’éviter, si elles auraient dû réagir autrement. Et puis la solitude. Parce qu’une agression, ça vous jette d’un coup dans une pièce sans fenêtre, sans issue.
Alors oui, on peut se terrer. Se dire que la vie est dégueulasse, que ça ne sert à rien de se battre. Mais c’est là que la loi entre en jeu. Elle n’a pas la poésie d’une rédemption divine, ni la chaleur d’une étreinte. Elle est froide, administrative, procédurale. Mais elle existe. Ici, l’avocat est celui qui sait la manier, la rendre tranchante.
LE PREMIER PAS : LA PLAINTE
Tout commence avec une porte qu’on pousse, souvent à contre-cœur. Commissariat, gendarmerie. Néons fatigués, chaises en plastique, odeur de café brûlé. Vous êtes là, avec vos bleus, vos tremblements, vos phrases qui se coincent dans la gorge. Devant vous, un fonctionnaire qui a déjà entendu mille récits, et qui vous écoute avec ce mélange d’habitude et d’attention mécanique.
Déposer plainte, c’est mettre noir sur blanc ce qui vous est arrivé. Ce n’est pas juste une formalité, c’est un acte de résistance. C’est dire : je refuse que ça disparaisse dans l’ombre. On raconte, on signe, on sort avec un papier dans la main. Ce papier, c’est la première pierre du combat.
Sans plainte, la justice ne bougera pas. Avec, elle peut commencer à tourner.
L’ENQUÊTE : CHERCHER DANS LES DÉCOMBRES
La plainte déclenche l’enquête. Elle peut être préliminaire, menée par la police ou la gendarmerie sous la direction du procureur. Ou judiciaire, si un juge d’instruction est saisi. Peu importe le nom, la mécanique est la même : on cherche des preuves.
On auditionne les témoins, quand il y en a. On regarde les caméras de surveillance, quand elles fonctionnent. On analyse les certificats médicaux, les photos des blessures. L’enquête, c’est une chasse au réel. On essaie de transformer votre chaos intérieur en pièces tangibles, en éléments solides qui tiendront debout devant un tribunal.
Mais il faut être lucide : l’enquête peut aussi piétiner. Des témoins qui se rétractent, des caméras qui ne filment rien, des agresseurs qui disparaissent. C’est là que l’avocat veille : il pousse, il relance, il demande des actes, il rappelle que derrière la procédure, il y a une victime qui attend.
LE PROCUREUR : CHEF D’ORCHESTRE DE LA SUITE
Une fois les éléments réunis, le dossier atterrit sur le bureau du procureur de la République. Lui, c’est l’aiguillage. Il décide si l’affaire va plus loin, ou si elle s’arrête net.
S’il estime que les preuves sont insuffisantes, il peut classer sans suite. Un coup de massue supplémentaire, une gifle bureaucratique.
S’il y a assez de matière, il poursuit : convocation au tribunal correctionnel, saisine d’un juge d’instruction, ou renvoi aux assises.
Ce choix, il pèse lourd. Mais là encore, la victime n’est pas condamnée à rester spectatrice. Avec un avocat, elle peut contester un classement, déposer plainte avec constitution de partie civile, forcer la machine à repartir.
LES TRIBUNAUX : THÉÂTRE DE LA JUSTICE
Le chemin mène ensuite devant une juridiction. Deux routes principales :
Le Tribunal correctionnel, quand l’agression est qualifiée de délit. C’est le cas de la plupart des coups et blessures volontaires, des menaces, des agressions simples. La peine maximale : dix ans de prison.
La Cour d’assises, quand les faits sont plus graves : violences ayant entraîné une infirmité permanente, tentative de meurtre, viol. Là, on parle de crimes, et d’une échelle de peines beaucoup plus importante.
Dans ces salles, la justice prend corps. La victime est là, parfois assise sur un banc glacé, parfois secouée à chaque mot. L’agresseur est de l’autre côté, avec son avocat, son silence ou ses dénégations. Au milieu, le juge, le procureur, le rituel.
La procédure est lourde, codifiée, presque théâtrale. Mais c’est aussi l’endroit où la violence subie se transforme en responsabilité reconnue.
L’AVOCAT DES VICTIMES : BOUSSOLE ET BOUCLIER
Dans ce labyrinthe, l’avocat est indispensable. Pas seulement pour parler droit, mais pour redonner une voix à celui qui croit l’avoir perdue.
- Accompagner la plainte : aider la victime à formuler, à structurer son récit. Parce que raconter l’agression, ce n’est pas seulement dire « on m’a frappé ». C’est préciser, détailler, donner chair aux faits pour qu’ils ne se dissolvent pas.
- Constitution de partie civile : ce geste juridique transforme la victime en acteur du procès. Elle ne regarde plus la partie se jouer de loin, elle y participe. Elle peut demander des actes, peser sur la procédure.
- Défense à l’audience : l’avocat parle quand la victime n’en peut plus. Il dit ce qui brûle dans la gorge, mais avec les mots qui comptent. Il met en lumière la douleur, il démonte les excuses de l’agresseur, il rappelle au tribunal que derrière les articles du code pénal, il y a un être humain fracassé.
- La réparation : l’argent ne répare rien, mais il compte. L’avocat demande des dommages et intérêts. Pour le corps, pour le moral, pour la vie cassée. C’est symbolique et concret à la fois : on reconnaît que la souffrance mérite compensation.
- La CIVI : quand l’agresseur est insolvable, fauché, fantôme, la Commission d’indemnisation des victimes d’infractions prend le relais. L’avocat monte le dossier, plaide devant la commission, et obtient que l’État indemnise la victime. Ce n’est pas une faveur, c’est un droit.
DERRIÈRE LA PROCÉDURE : LE POIDS HUMAIN
La procédure judiciaire, ça peut ressembler à un engrenage froid. Mais derrière chaque étape, il y a une réalité humaine. Une victime qui peine à dormir, qui saute au moindre bruit, qui n’ose plus sortir seule. Un gamin qui a pris une raclée, une femme agressée chez elle, un homme blessé dans un bar. La justice, c’est aussi pour eux.
L’avocat ne soigne pas les plaies. Mais il leur donne un cadre, un sens, une suite. Il transforme l’événement brut en affaire suivie, il empêche l’agression de rester un simple fait divers oublié.
NE PAS RESTER SEUL
L’agression est un séisme intime. Elle laisse des fissures invisibles que personne ne voit. Mais le pire, c’est le silence. Le croire normal, le ranger dans un coin, attendre que ça passe.
Non. Il faut en parler. Porter plainte. S’entourer. Et prendre un avocat. Parce que seul, on se noie vite dans les papiers, les convocations, les délais, les regards froids des greffiers. Avec un avocat, on avance, même à petits pas.
La justice n’efface pas les coups, mais elle les transforme. Elle dit que ce n’était pas « rien ». Elle dit que quelqu’un est responsable. Et elle offre à la victime un moyen de se relever.
CONCLUSION : REPRENDRE LA MAIN
Une agression, c’est le monde qui vous tombe dessus. Mais le rôle de l’avocat, c’est de tendre la main, de vous relever, et de vous dire : on va se battre.
Pas avec les poings, mais avec le droit. Pas avec la rage brute, mais avec des arguments, des preuves, des textes. C’est un autre combat, moins spectaculaire, mais tout aussi vital.
Parce qu’au bout du chemin, il y a une reconnaissance, qui en elle-même est déjà une victoire.
Ne restez pas seul. L’agression n’a pas le dernier mot. Avec un avocat, vous pouvez reprendre la main, et faire de la douleur une arme, du silence une voix, de la cicatrice une preuve.
